mardi 19 août 2008

La magie de Bonaïgua: récit









La magie de Bonaïgua



Il se tient fièrement debout. Majestueux. Bien campé, à côté d’un buisson. Souple et puissant à la fois. Il m’apparaît d’un coup au détour d’un pierrier. Je ne l’attendais pas. Je ne l’attendais plus. Il aurait dû être ailleurs, plus haut vers les sommets…

En commençant la randonnée, j’avais à l’esprit que je le rencontrerai, lui ou un ou plusieurs de sa bande. Le soleil en était encore à projeter sa lumière de l’autre côté, sur la face Est du pic Canigou, quand je fis mes premiers pas.
Le clot del Xixo était assoupi dans l’attente de la lumière solaire. Le replat sur lequel flânait le sentier me permettait de reprendre mon souffle que j’avais déjà mis à rude épreuve depuis le départ. Je marchai plus lentement et embrassai du regard les étendues de cistes qui couvraient le petit plateau. Leur seul feuillage couleur amande apportait de la joie aux églantiers défleuris qui laissaient pendre tristement en cette période de fin d’automne, leurs fruits qu’on appelle couramment des gratte-culs et qui, quand ils tombent dans les mains d’une cuisinière experte, produisent une délicieuse confiture.
La pente avait repris son cours et je m’étais remis dans mon rythme de marche de tout à l’heure.
Pendant tout le quart d’heure qui suivit et qui précédait le moment où le sentier allait longer les petites falaises abruptes, je pensais que je le verrais.
Dès que je quittai le premier versant pour m’engouffrer dans la combe, je ralentis et assouplis sérieusement mon pas. Tous mes sens se mirent en éveil. Mon pas était silencieux et tout en marchant, je scrutais les falaises au travers de la végétation automnale peu épaisse. Mais rien. Décidément rien. Je compris que je ne le verrais pas aujourd’hui.
Je repris un rythme de marche soutenu.
En parvenant à l’altitude de mille deux cent mètres, là où un petit monument rustique témoigne de la mémoire du maquis de résistance Henri Barbusse, je m’arrêtai sur le plat rocheux qui domine la combe où coule le riu Saint Vincent. De là, je pouvais voir le massif du Tres Estrelles tout proche et dont le sommet se prélassait sous les premiers rayons de soleil. Plus loin, le Madres imposait sa silhouette massive et sombre, mettant en valeur derrière elle, les sommets lointains et enneigés du Capcir.
La joie m’avait envahi. Ma solitude faisait corps avec la montagne et me laissait percevoir la respiration de la nature. Le ciel était bleu. Le soleil allait surgir des crêtes sommitales. Je n’attendais plus qu’une belle journée d’efforts, de paysages et de silence bucolique. Je ne pensais plus à rien d’autre.
Au rythme où j’avançais, je dépassai très vite la porteilla de Dalt, puis j’atteignis sans peine l’intersection avec le sentier qui monte sur la gauche vers le pic Cogollo. Je suis souvent passé par ici, mais à chaque fois pourtant, je ne peux m’empêcher de penser à un clown quand je prononce le nom de ce lieu qui par ailleurs est une destination très agréable et d’où se laisse contempler un magnifique panorama.
Dans peu de temps, le sentier allait épouser les plis et replis de la montagne. Il se love au creux de celle-ci comme un amoureux transi accroché à son aimée. D’où j’étais, je voyais bien le point où il allait déboucher après ses méandres soumis et je rêvai à un sentier rebelle qui tout à coup refuserait les caprices de sa belle et m’emmènerait directement sous la futaie si proche à mes yeux, m’épargnant plusieurs centaines de mètres de détours.
J’avais tellement bien accepté tout à l’heure que je ne ferais pas de rencontre aujourd’hui que j’en oubliais que ces incursions dans ces combes sombres, presque secrètes, en étaient le deuxième endroit propice.
J’allais un bon train sur la sente rocailleuse. Un premier pierrier, puis un second et le troisième. Et là, surprise : ils étaient quatre. A trente mètres de moi. Quatre isards qui broutaient, l’un des herbes fines et fragiles, poussant entre les pierres, l’autre des baies dans un buisson. Ils tournèrent la tête vers moi qui débouchait comme un rustre sur leur territoire. Ils restèrent immobiles une seconde seulement, le temps de me signifier d’un regard réprobateur qu’on n’arrive pas ainsi brutalement chez autrui, puis ils détalèrent brusquement, l’un plongeant vers le ravin et les trois autres s’engouffrant dans les buissons feuillus qui bordaient le pierrier. Je tentais de retenir les instants de ce moment privilégié, mais déjà je ne voyais plus que trois petites tâches blanches au milieu du pelage fauve qui disparaissaient, dernier pied de nez à l’intrus que j’étais.
Je restai là quelques secondes, immobile, sous le charme. Même si j’ai déjà eu maintes fois l’occasion de rencontrer des isards, je ressens toujours une joie d’enfant qui reçoit un cadeau merveilleux. C’est fou ce que des petits moments comme celui-ci peuvent vous remplir le cœur. La joie vous envahit. Le corps semble devenir plus léger, plus aérien et en même temps plus fort, plein d’énergie. Les couleurs alentour s’avivent, les chants des oiseaux deviennent plus joyeux et la caresse du vent plus voluptueuse.
Nourri de cette énergie, je repartis, le pas joyeux.
« Moi qui avait abandonné l’idée d’une telle rencontre, je me suis bien trompé, pensai-je. Tant mieux, j’aimerais me tromper plus souvent. En tout cas, c’est fini pour aujourd’hui : mon expérience m’a toujours confirmé jusqu’à maintenant que lorsque les isards sont ainsi dérangés, ils montent plus haut dans les pierriers. Or, même si je suis maintenant parti pour prendre un peu plus d’altitude, ce sera hors de leur zone, et quand je repasserai tout à l’heure par ici, ils seront bien plus hauts que moi. »
Il ne restait que moins d’une demi-heure pour atteindre le but de ma randonnée. Après le pierrier, le sentier devint plus humide et la terre noire imbibée de l’eau qui suintait de la pente mi-rocheuse mi-herbeuse se mélangeait à la caillasse. Je traversais en ce moment la partie la plus humide de la sortie. A un détour du sentier, la chanson cristalline et rythmée de l’eau du ruisseau Bonaïgua me sauta tout à coup aux oreilles. C’est ainsi en montagne : un son pourtant relativement puissant peut être inaudible à un endroit abrité par le pan de la montagne et tout à coup vous parvenir soudainement quand on passe sur un autre versant.
J’étais entré dans une combe toute sombre. Le petit torrent bondissait de caillou en caillou comme un jeune cheval fou. Le souvenir d’une chute que j’avais faite à cet endroit, un hiver passé, sur la neige glacée et dont je m’étais heureusement bien sorti me revint. Instinctivement, malgré l’absence de neige et de danger, je serrai davantage l’amont de la combe.
Un peu plus haut, je traversai sur des gros blocs de rochers, dont certains issus d’un éboulis, étaient venus se joindre à d’autres gros cailloux charriés par le flux puissant du torrent au cours d’épisodes orageux. Le pont ainsi formé me transporta sur l’autre versant, au pied de la longue et abrupte montée vers le refuge de Bonaïgua.
Vingt minutes plus tard, je vins enfin à bout de cette pente qui n’en finissait plus de grimper dans le sous-bois. La première image qui illumina ma sortie des frondaisons fut le toit herbeux du refuge, léché par des rayons de soleil qui réfléchissaient sur la grande plaque rocheuse qui semble ouvrir la porte à la minuscule prairie d’altitude où se niche le refuge. Entre herbe et rochers.
Malgré le souffle court et le cœur qui semblait galoper dans ma poitrine, je ne restai que quelques secondes à contempler cette image, pourtant si belle. Je ne pus attendre plus longtemps pour parcourir les quelques dizaines de mètres restants pour retrouver mon cher refuge de Bonaïgua.
Il était là, paisible, baignant dans la lumière et le silence. Une petite brise descendant du sommet du Canigou faisait frémir les herbes qui poussaient sur son toit. Petit, de forme parallélépipédique, son volet et sa porte en fer clos, il n’avait rien pour séduire un étranger qui ne le connaissait pas.
Moi, je l’aimais. A chacune de mes visites, je m’y sentais un peu chez moi. Il est de ces quelques endroits où la sérénité vous envahit et où on se laisse aller au bonheur simple de vivre au présent, de tout trouver joli, d’admirer les choses ordinaires. Je peux m’asseoir près de lui et rester de longs moments, immobile, en état de contemplation. Il faut dire, qu’outre les nombreuses fois où je lui rends visite, j’y ai vécu deux jours, lorsque je l’avais pris pour « camp de base » pour faire l’ascension en solitaire et de nuit, du pic Canigou qui culmine mille mètres plus haut. C’était le cadeau d’anniversaire que je m’étais offert pour mes cinquante ans. J’y avais mangé : sur sa table rustique encombrée de vieilles bougies dégoulinant de cire, mais aussi dehors, sur la marche d’entrée. J’y avais dormi : sur ses planches-dortoir superposées, avec pour seul confort mon tapis de sol qui m’isolait un peu de la dureté du bois. Je m’y étais lavé et rasé, à la source toute proche qui suinte d’un épais et doux tapis de mousse. J’y avais lu, à l’ombre des arbres voisins. J’y avais passé de longs moments de contemplation sur la plate-forme rocheuse située à cinquante mètres du refuge qui domine la vallée et offre généreusement une vue magnifique sur les formes à la fois massives et élégantes du Madres, du Tres Estrelles, et des pics du Capcir, mais aussi sur quelques petits villages isolés, accrochés aux flancs de la montagne. J’y avais observé le ciel à l’humeur incertaine. J’y avais écouté, lors de la première partie de la seconde nuit, lové au creux de mon duvet, l’orage qui déchirait le ciel et laissait rouler ses grondements dans tous les coins secrets et obscurs de la montagne qui lui renvoyaient l’écho de sa colère.
Hormis le passage rapide d’un groupe de randonneurs alors que je revenais le second jour de mon séjour, fourbu mais ravi, de mon ascension nocturne du Canigou, ainsi que la première nuit où un couple de jeunes gens avait occupé le bat-flanc du dessous, j’avais vécu seul ces moments de vie simple, dans et auprès de ce refuge non gardé, isolé, modeste, de petite taille. Alors, forcément, le corps et le cœur s’imprègnent de ces moments, de ces lieux, des émotions vécues. Et à chaque fois que je reviens, ces émotions remontent un peu de mon inconscient, effacent ma rationalité et, perdant mon objectivité, je trouve cet endroit merveilleux.
Le soleil était maintenant haut dans le ciel. Je dus faire un effort pour me décider à ranger mon sac à dos et repartir de ce cher refuge de Bonaïgua. Je jetai un dernier regard un peu nostalgique et me lançai dans la descente au travers des bois. Dans les endroits un peu plus pentus, je me laissais entraîner joyeusement, mais je devais reprendre rapidement le contrôle afin de ne pas risquer une chute, même anodine. Mon euphorie me faisait perdre un peu de la nécessaire prudence dont on doit faire preuve en montagne, même dans les endroits non dangereux, a fortiori quand on randonne en solitaire. Après m’être laissé aller ainsi pendant quelques minutes au besoin d’extérioriser ma joie, je repris, tout en chantonnant, le cours normalement rythmé de mon pas. Le chant du torrent de Bonaïgua me parvint tout à coup. Encore dix minutes et j’arrivai à l’endroit où il faut traverser le lit de la petite rivière aux eaux vives et capricieuses.
Je m’éloignai du brouhaha de son flot agité jusqu’à passer dans une autre combe où le silence se fit. Je m’arrêtai pour écouter le bruit de la forêt et de la montagne. C’était vraiment une belle journée. J’étais heureux. Comblé. Serein. C’est dans cet état d’esprit que je repris le fil de ma randonnée. Après le passage humide et terreux, le chemin reprit un aspect rocailleux à l’approche du pierrier. Un buisson me barrait le chemin. Je le soulevai doucement en même temps que j’entamai le virage qui m’amenait sur les éboulis.
Et là, je m’arrêtai tout à coup… Ebahi. Incrédule.

Il se tient fièrement debout. Majestueux. Bien campé, à côté d’un buisson. Souple et puissant à la fois. Il m’apparaît d’un coup, au détour du pierrier. Je ne l’attendais pas. Je ne l’attendais plus. Il aurait dû être ailleurs, plus haut vers les sommets…
Et pourtant, il est là. Il semble qu’il m’attendait. Moins de vingt mètres de distance et un creux de cinq mètres de profondeur nous séparent. Il me regarde fixement. Il n’a apparemment pas peur. Il est immobile. Je crains pourtant qu’il parte tout à coup très vite. Je ne bouge pas. J’ai trop peur qu’il me quitte sans me laisser un souvenir tangible. Alors, sans le quitter des yeux, je laisse descendre lentement mon bras gauche vers l’étui de mon appareil photo accroché à ma ceinture. Je l’ouvre doucement et saisit la boîte à images. Il ne bouge toujours pas. Une vibration sonore s’élève tout à coup, d’abord discrète, légère, vaporeuse. Puis elle prend sa place dans le silence où nous baignons lui et moi. C’est à la fois un sifflement et un feulement discret. Il me faut quelques secondes pour faire le lien entre cette manifestation sonore et la vue que j’ai de ses naseaux qui vibrent. Je suspends mon geste. Qu’exprime-t-il ? s’agit-il d’un cri pour avertir ses congénères ? est-ce un moyen pour exprimer sa peur ou bien veut-il m’intimider ? Tout va très vite dans ma tête. Tout se mélange. Le temps qui passe, la peur de le voir partir, l’envie de fixer son image. Je regarde, je reçois de tout mon être cette rencontre magique et en même temps, sans rien bouger d’autre que mon bras, j’ai réussi à amener mon appareil photo au niveau de mes yeux. Je ne le vois plus qu’au travers de l’écran. IL va partir. C’est sûr… j’appuie sur l’obturateur. Je baisse doucement l’appareil. Il est encore là. C’est incroyable. Je remonte l’appareil au niveau de mon regard. De nouveau, je ne le vois plus qu’au travers de l’écran. Une deuxième photo. Il est toujours là, immobile, les yeux fixés sur moi, ses naseaux vibrant d’un cri que je ne comprends pas et que j’aimerais tant comprendre. Je devrais lui parler. Voilà plusieurs dizaines de secondes que nous nous contemplons et nous n’avons encore rien échangé. Peut-être ce cri est-il une invitation au dialogue. Mais tout à coup, une pensée subite autant qu’étrange me traverse : « et s’il était dangereux ? s’il allait m’agresser ? ou bien encore est-il malade ? Ce face-à-face si long avec cet animal sauvage et normalement craintif n’est pas normal…». Pensée idiote bien sûr, dénuée de tout bon sens, qui ferait rire tout randonneur, même le moins expérimenté et moi le premier si on me racontait une telle mésaventure arrivée à un autre. Il n’empêche que l’espace de quelques secondes, cette idée m’a envahi. Alors, doucement certes, mais sans plus d’hésitation, j’entrechoque mes bâtons de randonnée pour me rassurer. Et le résultat est évident, spectaculaire mais aussi désolant. Immédiatement, ses muscles se détendent et propulsent le bel isard dans la pente rocheuse. En une ou deux secondes, il s’est mis à l’abri. Il a disparu de mon regard.
C’est un spectacle magnifique de voir ce mariage de la puissance et de l’élégance s’exprimer ainsi dans le milieu naturel. Mais c’est aussi désolant de s’être laissé submerger par une telle pensée naïve et enfantine.
Je l’imagine alors, quelques dizaines de mètres plus bas, dans un endroit excessivement pentu, camouflé dans le feuillage d’un improbable buisson qui a poussé et grandi au milieu de cet environnement minéral. Sa tête dodeline. Il est désespéré : comment cet être humain est-il assez stupide pour lui faire peur et refuser d’entamer un dialogue avec lui qui avait commencé à lui parler.
C’est en tout cas mon regret : ne pas lui avoir parlé pour voir sa réaction au son de la voix. C’est cependant mon seul regret qui entache à peine le bonheur apporté par la magie de cet instant insolite tellement ce dernier était fort.
Je lève les yeux : le ciel est toujours d’un bleu azur magnifique. Le soleil inonde de sa lumière les superbes reliefs de roche et de verdure de la montagne. Il me reste à descendre sept cents mètres de dénivelé.
Mon regret s’est déjà évanoui dans cet immense espace de liberté et de tolérance. Je repars avec, dans ma tête et mon cœur, une image irréelle, des sons nouveaux et une émotion profonde.

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